Récit d’un séjour aux Headquarters
par Patrick Alvarez
Partis sur un coup de tête, je n’ai pas réellement eu le temps de penser à me préparer.
Devais-je m’entrainer intensément au niveau physique ? Aurais-je le niveau suffisant ? De quel niveau parle-t-on ?
Des questions, j’en avais beaucoup. Et d’autant plus car il n’est pas simple de laisser sa famille, pour partir dans un pays éloigné, afin de s’entrainer au Systema, ce fameux art martial RUSSE
C’est un choix qui peut surprendre, certes, surtout que le côté militaire que l’on voit très/trop rapidement n’attire pas forcément beaucoup de monde.
D’ailleurs, je ne le cache pas, j’étais moi-même très peu réceptif à essayer ce qui pour moi ne pouvait être un art martial. Tout au plus un style de combat militaire, ou l’on apprend à faire mal. J’en profite d’ailleurs pour remercier celui qui a su capter en moi le moment qu’il fallait pour que je m’essaie à un premier cours, celui d’une longue série..
Alors pourquoi partir comme cela pendant 10 jours, à Toronto en plein hiver alors que c’est l’hiver le plus froid depuis des dizaines d’années, pour aller s’entrainer avec des militaires Russes ??
Eh bien j’ai souffert.
Souffert, mais pas dans le sens que l’on peut penser.
Je suis parti avec une blessure dont je ne voulais pas trop parler autour de moi. Je craignais que ceci soit considéré comme un signe pour ne pas aller à Toronto, en plus pour se faire taper dessus.
En effet, en Systema il y a beaucoup de contact...
Après ce voyage je me sens bien, mieux. Cette blessure m’en en fait bien aider. Il m’a fallu, pendant ces quelques jours d’entrainement, que je me concentre beaucoup plus sur moi-même afin de ne pas me faire encore plus mal. Ce fut une expérience très enrichissante
Je me rends compte aujourd’hui que ma blessure venait du stress avant de partir. J’en avais oublié ces bases que sont la relaxation et la respiration. Beaucoup de tensions se sont installées en moi et il suffit d’un choc pour que le mal se fasse.
Je m’étais chargé d’organiser le voyage, en ce qui concerne les vols, la voiture et le logement. Pour les cours, Vincent avait préparé un petit programme…
Partis un vendredi matin très tôt, dans l’idéal il fallait profiter d’un vol de plus de 8H pour dormir car le soir même il y avait un cours, dans les fameux Headquarters, chez Vladimir V.
Il n’est pas toujours facile de dormir en avion …
Pour la suite, on commençait avec un stage le samedi dimanche dont la deuxième partie était sur le désarmement des armes à feu. Avis personnel, Mouais, je n’étais pas vraiment motivé mais Vladimir en serait l’animateur. Eh bien ce fut un de mes meilleurs souvenirs de stage.
Bref, ensuite, c’était cours tous les jours à la salle avec quelques cours privés dans les temps libre.
Pour finir, il y avait un stage organisé par les fameux Twin Brothers Adam et Brendon Zettler, le samedi avant le dimanche de notre retour.
Avec tout ceci, j’aurais aimé aller découvrir un peu la ville ou encore la région, avec les chutes de Niagara ou ne serait-ce que la tour CN que l’on voit sur les cartes postales. Au final je n’en ai rien fait, mais j’ai pourtant pu découvrir énormément de choses
Après 9 jours d’entrainement, pour une trentaine d’heures de cours, le bilan de ce voyage est formidable.
Tout d’abord car le niveau à Toronto est très élevé. On sent les années de pratique et de nombreux élèves disposent d’une expérience conséquente.
Ensuite, on se rend compte très rapidement que l’on a énormément à apprendre. Que ce soit au niveau « technique » que personnel.
Ce côté militaire, Russe, est bien omniprésent. Mais en fait, il s’agit bien d’une image car il y a tout autre chose.
Les contacts se font rapidement et relativement naturellement. La mixité est impressionnante et les gens viennent des quatre coins du monde pour s’entrainer. Les activités professionnelles de chacun en sont parfois très étonnantes.
J’ai eu la chance (à mon sens) de pouvoir m’entrainer parmi les plus grands. Je ne citerais que Emmanuel Manolakakis, Maxime Franz, Adam et Brendon Zettler ou encore bien entendu Vladimir Vasiliev. Le point commun de ces personnes, outre la pratique du Systema, est leur grande générosité dans le partage de ce qu’ils connaissent. Rien n’est caché, tout est expliqué, montré, partagé et tout ceci dans une humilité sans égale. Ce côté réellement humain force le respect, encore plus que cette maitrise d’un système de combat tellement efficace.
On apprend à se faire confiance, à prendre conscience des forces et faiblesses qui sont en nous. On se rend compte que ce que l’on pensait maitriser, n’est rien dès que nous sommes en dehors de notre zone de confiance. Il faut alors réapprendre à s’écouter.
On nous donne les bases, et à partir de ces bases on peut travailler et commencer à forger sa propre expérience. Bien sûr pour cela il faut travailler. Et une des forces du Systema est que l’on peut déjà travailler sur nous dans notre vie de tous les jours. Rien que le fait de prendre conscience petit à petit que nous respirons mal, que cette respiration engendre des tensions et que ces tensions nous bloque dans de nombreuses activités, tout ceci à un sens.
On ressort grandi de ce genre de séjour, riche de nouvelles rencontres et de nouvelles expériences, encore un peu plus conscient de ce qui se cache en nous et du bien que l’on peut apporter aux autres.
Ceci n’est que mon avis, mais pour moi l’art martial est là...
par Patrick Alvarez
Partis sur un coup de tête, je n’ai pas réellement eu le temps de penser à me préparer.
Devais-je m’entrainer intensément au niveau physique ? Aurais-je le niveau suffisant ? De quel niveau parle-t-on ?
Des questions, j’en avais beaucoup. Et d’autant plus car il n’est pas simple de laisser sa famille, pour partir dans un pays éloigné, afin de s’entrainer au Systema, ce fameux art martial RUSSE
C’est un choix qui peut surprendre, certes, surtout que le côté militaire que l’on voit très/trop rapidement n’attire pas forcément beaucoup de monde.
D’ailleurs, je ne le cache pas, j’étais moi-même très peu réceptif à essayer ce qui pour moi ne pouvait être un art martial. Tout au plus un style de combat militaire, ou l’on apprend à faire mal. J’en profite d’ailleurs pour remercier celui qui a su capter en moi le moment qu’il fallait pour que je m’essaie à un premier cours, celui d’une longue série..
Alors pourquoi partir comme cela pendant 10 jours, à Toronto en plein hiver alors que c’est l’hiver le plus froid depuis des dizaines d’années, pour aller s’entrainer avec des militaires Russes ??
Eh bien j’ai souffert.
Souffert, mais pas dans le sens que l’on peut penser.
Je suis parti avec une blessure dont je ne voulais pas trop parler autour de moi. Je craignais que ceci soit considéré comme un signe pour ne pas aller à Toronto, en plus pour se faire taper dessus.
En effet, en Systema il y a beaucoup de contact...
Après ce voyage je me sens bien, mieux. Cette blessure m’en en fait bien aider. Il m’a fallu, pendant ces quelques jours d’entrainement, que je me concentre beaucoup plus sur moi-même afin de ne pas me faire encore plus mal. Ce fut une expérience très enrichissante
Je me rends compte aujourd’hui que ma blessure venait du stress avant de partir. J’en avais oublié ces bases que sont la relaxation et la respiration. Beaucoup de tensions se sont installées en moi et il suffit d’un choc pour que le mal se fasse.
Je m’étais chargé d’organiser le voyage, en ce qui concerne les vols, la voiture et le logement. Pour les cours, Vincent avait préparé un petit programme…
Partis un vendredi matin très tôt, dans l’idéal il fallait profiter d’un vol de plus de 8H pour dormir car le soir même il y avait un cours, dans les fameux Headquarters, chez Vladimir V.
Il n’est pas toujours facile de dormir en avion …
Pour la suite, on commençait avec un stage le samedi dimanche dont la deuxième partie était sur le désarmement des armes à feu. Avis personnel, Mouais, je n’étais pas vraiment motivé mais Vladimir en serait l’animateur. Eh bien ce fut un de mes meilleurs souvenirs de stage.
Bref, ensuite, c’était cours tous les jours à la salle avec quelques cours privés dans les temps libre.
Pour finir, il y avait un stage organisé par les fameux Twin Brothers Adam et Brendon Zettler, le samedi avant le dimanche de notre retour.
Avec tout ceci, j’aurais aimé aller découvrir un peu la ville ou encore la région, avec les chutes de Niagara ou ne serait-ce que la tour CN que l’on voit sur les cartes postales. Au final je n’en ai rien fait, mais j’ai pourtant pu découvrir énormément de choses
Après 9 jours d’entrainement, pour une trentaine d’heures de cours, le bilan de ce voyage est formidable.
Tout d’abord car le niveau à Toronto est très élevé. On sent les années de pratique et de nombreux élèves disposent d’une expérience conséquente.
Ensuite, on se rend compte très rapidement que l’on a énormément à apprendre. Que ce soit au niveau « technique » que personnel.
Ce côté militaire, Russe, est bien omniprésent. Mais en fait, il s’agit bien d’une image car il y a tout autre chose.
Les contacts se font rapidement et relativement naturellement. La mixité est impressionnante et les gens viennent des quatre coins du monde pour s’entrainer. Les activités professionnelles de chacun en sont parfois très étonnantes.
J’ai eu la chance (à mon sens) de pouvoir m’entrainer parmi les plus grands. Je ne citerais que Emmanuel Manolakakis, Maxime Franz, Adam et Brendon Zettler ou encore bien entendu Vladimir Vasiliev. Le point commun de ces personnes, outre la pratique du Systema, est leur grande générosité dans le partage de ce qu’ils connaissent. Rien n’est caché, tout est expliqué, montré, partagé et tout ceci dans une humilité sans égale. Ce côté réellement humain force le respect, encore plus que cette maitrise d’un système de combat tellement efficace.
On apprend à se faire confiance, à prendre conscience des forces et faiblesses qui sont en nous. On se rend compte que ce que l’on pensait maitriser, n’est rien dès que nous sommes en dehors de notre zone de confiance. Il faut alors réapprendre à s’écouter.
On nous donne les bases, et à partir de ces bases on peut travailler et commencer à forger sa propre expérience. Bien sûr pour cela il faut travailler. Et une des forces du Systema est que l’on peut déjà travailler sur nous dans notre vie de tous les jours. Rien que le fait de prendre conscience petit à petit que nous respirons mal, que cette respiration engendre des tensions et que ces tensions nous bloque dans de nombreuses activités, tout ceci à un sens.
On ressort grandi de ce genre de séjour, riche de nouvelles rencontres et de nouvelles expériences, encore un peu plus conscient de ce qui se cache en nous et du bien que l’on peut apporter aux autres.
Ceci n’est que mon avis, mais pour moi l’art martial est là...